Question 5 : quels impacts concrets du besoin de sens au niveau de l’entreprise et de son management ?
Suite des 4 questions précédentes : « la différence entre un leader et un manager » et « quelle définition donner du leader et du leadership ».; « on met le leadership à toutes les sauces » ! N’est-ce pas aujourd’hui aussi un phénomène de mode ? Pourquoi ce besoin de sens est-il si important ?
Il est important de comprendre que ce besoin de sens va peser directement sur le rôle et la posture du « manager leader » dans nos organisations.
Notre besoin de vision et de guidance traverse en effet tous ces niveaux d’enjeux, de l’économique global aux enjeux personnels, en passant par les enjeux de productivité, auxquels doit aussi savoir évidement répondre un manager de terrain …
Plus les niveaux de sens supérieurs sont menacés (le sens ou le non-sens de l’évolution du monde par exemple), plus les niveaux de sens de proximité - mon entreprise, ma sphère professionnelle, ma production, mon management … – vont avoir un rôle clé à jouer dans les équilibres personnels et la « performance »finale … C’est le principe de l’équilibre identitaire, obtenu s’il y a cohérence et complémentarité entre les niveaux de sens.
Aujourd’hui, au niveau des enjeux globaux, la perception dominante est que le monde « marche sur la tête » (ou sans gouvernance en dehors des marchés), tiré de manière aveugle et suicidaire par la seule loi des marchés financiers et des intérêts des grandes puissances dominantes.
La société de consommation, la croissance à tout prix, tout comme l’idéologie scientiste à son service (il faut acheter le dernier écran plat, sinon comment exister ?) ne font plus suffisamment sens pour une part de plus en plus grande de la population. La chute de la consommation en est aussi l’illustration. En dehors des réelles chutes de revenus, le réflexe « je consomme pour faire marcher l’économie et l’emploi » ne fonctionne plus. Il est souvent remplacé chez le nouveau consommateur, par le réflexe « je consomme moins et à quoi bon ? Ça économise les ressources de la planète (et les miennes !) ».
A son niveau, l’entreprise ne donne plus envie aux nouvelles générations de s’y engager, notamment dans les pays occidentaux développés. « je ne suis pas ici que pour faire du pognon et pour l’actionnaire ».
S’il pose et repose l’éternelle question de la participation, la question aujourd’hui du sens et de « manager par le sens » est cruciale pour réussir à imposer un nouveau mode de gouvernance et de management qui puisse contribuer à la pérennité de nos organisations, tout en prenant le délicat virage de la croissance durable… ou de la décroissance.
Comment faciliter la performance opérationnelle, si non en redonnant du sens au rôle de l’entreprise dans la société (l’entreprise citoyenne, la RSE…) et au travail comme une contribution utile …, en renforçant les identités professionnelles aujourd’hui à la déroute, enfin, en développant des leaders conscients de ces enjeux … pour faire évoluer l’entreprise en ce sens ?
Comment restaurer une certaine morale sociale et managériale, en retrouvant la cohérence de l’économique et du financier, de la production, de la performance avec le respect de nos ressources naturelles et de homme …? Comment manager aussi avec l’éthique moderne et les valeurs, et nous en discuterons plus tard, avec peut-être une forme de spiritualité laïque en management, en tout cas un leadership moins égotique, qui s’élève au dessus des jeux de pouvoir mortifères, pour poursuivre avec humilité notre contribution à la grande chaine du vivant.
Dans cet esprit, le rôle du « nouveau leader » est fondamental. Il incarne et porte les valeurs de bases universelles dont se sont détournés l’entreprise et le monde, depuis sa dérive du capitalisme ultra-libéral de ces 50 dernières années. Ce sont celles aussi portées par le Développement Durable … (enfin quand il n’est pas détourné de son esprit)
C’est aussi simplement ça l’écologie managériale ! Respecter les grands équilibre de l’homme et du vivant…
Question suivante (dans 15j) : Pourquoi les entreprises d’aujourd’hui ont –elles plus qu’avant besoin de « managers leaders » ?