La compassion est-elle une compétence managériale ?
La compassion, le partage de la souffrance de l’autre (« souffrir avec l’autre ») fait partie des vertus valorisées par la tradition judéo-chrétienne.
J’ai parfois du mal avec cette promotion de la souffrance, de la culpabilité, voire de ce type de partage … Est-ce la résonance avec ces traditions dont j’ai eu tant de difficultés à me départir, pour enfin me réjouir de la vie, partager mes joies ou en méditer … ?
Et pourtant … pour le taoïsme et la spiritualité chinoise aussi, la compassion représente la «porte d’entrée » dans les «vertus de sagesse »…(1)
Dois je en déduire que si je veux devenir « sage » (ou « un sage », ou plus «sage » ?) il me faut développer ma compassion ? !
Mais la compassion a-t-elle sa place, a-t-elle un sens dans l’entreprise d’aujourd’hui … ?
A l’heure où l’engagement tant recherché pour améliorer la performance, laisse place au stress et à la souffrance au travail, écouter les ressentis difficiles, partager les difficultés, pour aider ses pairs ou équipiers à dépasser une crise ou un passage difficile, n’est-ce pas cela la compassion en entreprise ?
Ne serait-ce pas ainsi un talent du manager à développer dans les turbulences de nos mutations et autres « crises » que nous vivons ?
Et moi qui serre les dents et les poings, souvent à fond dans l’action, je n’ai pas le temps … Et moi qui suis par nature si peu compatissant, faut-il que je m’ouvre à plus de compassion et si oui, comment ?
Mais est-ce que ça peut s’apprendre ou se développer la compassion ? Et qu’est ce que ca apporte à l’entreprise ?
Pour la psychologie chinoise (influencée par la tradition taoïste (2), l’entrée dans la compassion – porte de la sagesse – passe inévitablement par l’auto-compassion. Il n’est pas possible d’entrer en compassion avec l’autre, sans être en contact avec sa propre souffrance, sa propre fragilité…
Moi si Fort … ! Ça va être dur ! Me montrer fragile … ?
C’est un peu comme l’écoute empathique qui nécessite l’écoute de ses propres émotions. Pour entrer dans l’auto-compassion, il faut être suffisamment en lien avec ses propres souffrances, ses fragilités, ses blessures, ses égarements et autres incomplétudes … pour pouvoir s’ouvrir à la souffrance de l’autre, pour l’aider in fine à dépasser « sa propre crise » et à grandir en (la) se dépassant »… Bref, à être plus performant.
La compassion n’est-elle pas ainsi le stade ultime de l’écoute, la « quatrième écoute », au-delà de l’empathie, savoir vibrer ici et maintenant dans ce que vit l’autre de tragique ou de souffrance, pour renforcer nos liens, voire créer d’autres liens ? N’est-ce pas aussi le chemin d’une autre Joie dans le partage, vers une autre « réussite » ?
De puissants témoignages sur cette idée révolutionnaire pour le monde de demain, lors de la journée de la compassion, organisée par l’INREES, le 23 avril 2013.
Ci-après quelques extraits de témoignages célèbres dans la vidéo « oser aimer » (dont celui de Matthieu Ricard, ou encore de Thierry Jansen) puis celui Lytta Basset – professeur de théologie), puis enfin celui de l’écrivain Bernard Werber
Vous trouverez tous les autres… dont le plus célèbre porteur du développement personnel, le dalaï-lama !
Le témoignage de Lytta Basset – professeur de théologie.
La philosophe Leila Anvar
L’écrivain Bernard Werber
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(1) Cours de psychologie chinoise – Jocelyne Lemarchand -Mars 2013-D’après la psychologie Chinoise Xin Li ; – Traité de psychologie chinoise. Michel Deydier-Bastide (2)
(2) La psychologie traditionnelle chinoise Xin Li, dont le contenu est aussi originel que traditionnel, est issue des principes de la sagesse taoïste de la très ancienne première Chine et des connaissances acquises par la médecine chinoise à travers le temps. Cet ouvrage présente une psychologie humaniste résolument originale et, en même temps, formidablement porteuse d’espoir pour celui qui souhaite mieux connaître les méandres de l’esprit, pour celui qui souffre ou qui aspire à un bonheur réel. Il expose les mécanismes mentaux de façon analytique, dans une approche des processus spécifiquement psychologiques, conforme à l’universalité des principes originels du Tao. La physiopathologie de la psychologie traditionnelle chinoise, trop souvent réduite à l’étude des syndromes d’organe ou à la théorie des cinq éléments, est ici présentée dans son intégralité.