11/03/13

« Ethique et entreprise, des premières incitations réglementaires à la quête des nouveaux consommateurs »

(Suite de l’article de l’Expansion Management Review)

L’entreprise capitaliste par essence cherche le profit et c’est avant tout son encadrement juridique ou normatif qui la guide vers l’éthique, mais aussi le positionnement du consommateur.

La réglementation mondiale tardant à s’imposer, l’éthique entre néanmoins timidement en entreprise. Ainsi aujourd’hui les normes de production qualité ISO 26 000[1] intègrent-elles l’éthique dans leur réglementation.

Par ailleurs, depuis quelques années, l’éthique émerge dans certains grands groupes industriels, comme une fonction de l’organisation[2]. Cette fonction est aujourd’hui souvent couplée avec les missions de Développement Durable, voire de « Responsabilité Sociétale de l’Entreprise », quand la mission existe.

Enfin, sont apparus depuis peu des baromètres de l’éthique. Un classement annuel des entreprises les plus vertueuses est ainsi proposé par le cabinet « ETHISPHERE ». [3]

Certains diront que ces démarches sont avant tout marketing, permettant surtout aux industries de se donner bonne conscience et de redorer leur image.

Pour être plus positif, cela montre que, malgré une marge de manœuvre limitée, la question est prise très au sérieux par certaines grandes sociétés.

Mais quelque soit aujourd’hui leur impact réel, ces leviers de développement de l’éthique ont l’intérêt d’être concrets et de disposer d’indicateurs utiles pour intégrer cette dimension au management dans les organisations.

Mais la vraie vigilance en matière d’éthique est aujourd’hui ailleurs. Les entreprises surveillent avant tout attentivement les « nouveaux consommateurs », au cas où nous deviendrions nous aussi plus lucides, plus « responsables » et plus éthiques …[4]

 La suite le 18 mars 2013 : « L’ETHIQUE COMMENCE PAR SOI-MÊME » …


[1] La norme ISO 2600 intègre l’éthique dans ses recommandations

[2] Le groupe SUEZ a été ainsi un des pionniers en ce domaine. « Prévenir les risques éthiques de votre entreprise » ; HB Loosdregt- Ex Dir des programmes éthiques et valeurs de SUEZ- Insep Editions.

[3] Le classement ETHISPHERE des entreprises les plus vertueuses fait la part belle aux anglo-saxonnes. Cette année en France, seuls Schneider Electric et Unibail Rodamco se distinguent (le figaro.fr ; économie).

[4] Etude Ethicity – 2 avril 2012 – « pour 88% des Français, la crise économique devrait être l’occasion de changer de mode de consommation »…

 

13/02/13

Conduire le changement par le sens : éthique, cohérence et engagement

Premier chapitre de la note de réflexion parue dans l’Expansion Management Review « Impasses et défis du management », rédigée par Pierre-Marie Burgat (juin 2012, 10 p.)

Une société a besoin de principes et de règles pour se pérenniser et se développer harmonieusement. La plupart de nos « valeurs morales » qui organisent les relations sociales – telles la solidarité, le respect, la justice, ou le partage – ont été véhiculées depuis la nuit des temps par les grandes traditions spirituelles. Nous sommes tous intrinsèquement porteurs de ces codes culturels, à dominante judéo-chrétiens, en ce qui concerne la majorité d’entre nous.

Or les systèmes de valeurs qui structurent notre civilisation sont aujourd’hui mis à mal par l’emprise du spéculatif sur nos économies, la tentative de transformation du travail, de la culture, de l’eau, de l’air, de l’espace… et même des relations entre les êtres, en marchandise[1].

De cette crise éthique générale découlent toutes les autres crises : économiques, géopolitiques, politiques, écologiques, sociales,  humanitaires … et les crises au sein de nos organisations.

DE QUELLE CRISE PARLONS-NOUS ?

A la racine de nos crises, il y a une implosion identitaire en chaîne … et donc une implosion des valeurs morales qui structurent nos identités et qui concourent à l’éthique. Mais qu’est-ce que l’éthique ?

On peut définir l’éthique comme « l’art de diriger sa conduite, son comportement… », à partir de l’intégration d’une « morale, science du bien et du mal »[2].

Le capitalisme en lui-même n’a jamais été éthique. Il ne possède pas de morale intrinsèque. Il ne peut être régulé que de l’extérieur, par la loi. Cela n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, en revanche, et que certains auteurs ont pu qualifier de «  révolution ultralibérale », [3]c’est la sacralisation du marché[4]  comme principe général de régulation de la vie en société. L’économie n’est plus «  encastrée »[5] dans la société comme c’est le cas depuis des millénaires, mais c’est la société qui se retrouve «  encastrée » dans l’économie.

L’emprise de l’économie sur la société et celle de la finance sur l’économie, couplées avec la libre circulation de l’image sur web concourent à broyer les cultures et leurs valeurs morales.

Le malaise que l’on observe dans les organisations s’inscrit dans le cadre d’une dérive globale qui est donc loin de n’être « qu’économique ». C’est vrai ainsi de la chute des valeurs de la République, par exemple au travers des surprenantes évolutions du système fiscal français [6] ou encore de ce qu’est devenue en peu de temps la liberté de la presse[7]. C’est vrai, des salaires des footballeurs et du star-système en général, de la dérive de la télévision de consommation[8] ou encore de l’absence totale de garde-fou moral du web. C’est vrai encore, du non alignement éthique de beaucoup de nos responsables politiques qui ne modélisent plus suffisamment l’intégrité à laquelle devrait pouvoir s’identifier tout citoyen et, qui plus est, les  nouvelles générations.

Ce monde devenu global nécessiterait soit des instances de régulation fortes (les instances internationales existantes n’arrivent pas réguler quoi que ce soit), soit un haut niveau de conscience individuelle. C’est d’autant plus vrai dans la plupart des pays industrialisés en occident, que la guidance spirituelle ou religieuse qui assure ce rôle fondamental s’est plus ou moins effacée.

 La suite le 3 mars 2013 : « Ethique et entreprise, des premières incitations réglementaires à la quête des nouveaux consommateurs »



[1] L’exploitation financière de la relation et du lien social par les gestionnaires de réseaux sociaux, dont Face book.
[2] J. ROJOT, « Déontologie et gestion des ressources humaines », 1992, p. 118.
[3] Voir Alain Supiot, «  L’Esprit de Philadelphie, la justice sociale face au marché total », Paris, Seuil, 2010
[4] Expression de Dany-Robert Dufour. Voir aussi Jean-Michel Saussois : «  Le capitalisme, un Dieu sans bible », éditions le cavalier bleu.
[5] On doit cette notion d’encastrement à Karl Polanyi.
[6] Rapport IPP– étude de la fiscalité 1997-2012- de 2002 à 2012, l’impôt s’est allégé pour les tranches supérieures » « notre système fiscal avantage depuis plus de 10 ans  les détenteurs de patrimoines »
[7] Cf. « La concentration dans les médias »-  Observatoire Français des Médias (OFM). Place de la concentration des médias dans les dérives médiatiques actuelles
[8] Voir documentaire : « Le temps de cerveau disponible ». http://youtu.be/4S20kG2MoxI;


2/01/13

Conduire le changement par le sens : éthique, cohérence et engagement

Dossier l’Expansion Management Review « Impasses et défis du management », rédigé par Pierre-Marie Burgat, paru en juin 2012

Expansion-management-review

Manager autrement, c’est sortir de l’impuissance pour user de notre responsabilité et incarner nous-mêmes le changement que nous voulons voir dans le monde

Les points forts

La crise que nous vivons est avant tout une crise éthique. La carence éthique globale impacte en cascade tous les niveaux de gouvernance, du politique jusqu’à la direction et au management des entreprises encastrées dans le système.

Réduit à sa dimension de « ressource humaine » l’individu cherche en vain un sens à son travail. Ecartelé entre ses identités de « citoyen-salarié » et de « consommateur-épargnant », il peine à trouver une cohérence globale à ses actes.

Les entreprises et leurs managers, malgré la complexité et les pressions du système, disposent aussi de leviers pour pratiquer un management éthique, comme par exemple en associant leur vision aux grands enjeux de responsabilité sociétale et de développement durable.

Pour sortir de l’impuissance, la seule voie possible passe par le « changement holomorphique ». Chaque geste ou acte individuel a des répercussions sur l’ensemble du système. Manager autrement, c’est retrouver le chemin de la cohérence, pour un changement sociétal et dans nos organisations porté par l’éthique et la responsabilité individuelle.

La suite le 28 janvier 2013

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1/01/13

Quel Management demain ?

Article rédigé par Pierre-Marie Burgat, paru dans la revue « Inter-Mines » le 16 avril 2010.

Pour mieux faire face aux nouveaux enjeux…

Dans un monde « global » en pleine mutation, en prise avec des transformations rapides et permanentes …, le manager du XXIème siècle doit savoir plus que jamais donner du sens, accompagner les personnes et les équipes en quête d’un nouvel équilibre…

Mais les managers déstabilisés par ces changements, la complexité, l’incertitude et les pressions permanentes apparaissent souvent eux-mêmes en recherche d’engagement, sinon d’une « autre relation à l’entreprise … »

Un des enjeux de la performance managériale de demain sera donc de donner aux nouveaux managers les moyens de trouver leurs propres équilibres, pour devenir les leaders inspirants dont le monde a besoin.

Dans une période de perte de sens et d’identité, avec les peurs et  le stress générés par les ruptures incessantes… mettre le développement personnel au service du développement du management apparait comme un levier fondamental de développement du leadership. Le dépassement de la crise est aussi à ce prix, vers la construction d’une nouvelle performance « durable » et d’un « autre management  … »

La conscience de la fragilité de nos ressources promeut ainsi aujourd’hui le développement durable et l’écologie comme principes de régulation planétaire.

Dans un monde laissé aujourd’hui à la seule gouvernance financière, nous oublions souvent que le développement durable, comme l’écologie s’applique en priorité à l’homme.

Dans cet esprit, le « management durable » et « l’écologie managériale » – au-delà de l’effet de mode – constituent une nouvelle réponse adaptée aux enjeux humains et managériaux de l’entreprise de demain.

Mais seul l’engagement de chacun permettra de sortir de la passivité et du système qui nous enferment tous, pour construire ensemble un nouveau management plus écologique et durable.

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29/12/12

Du développement au « management durable », une utopie porteuse de sens

Article rédigé par Pierre-Marie Burgat, paru le 14 octobre 2008 sur le site d’information en ligne IndiceRH.net

Indice-RH

L’émergence du concept de « développement durable » correspond à la prise de conscience des impacts de notre « civilisation moderne » sur la durabilité de notre planète (climat, ressources…) et  la définition de politiques et de plans d’actions pour contribuer à la pérennité de ce patrimoine terrestre.

Si les entreprises se sont saisies rapidement de ces besoins pour développer de nouveaux marchés, le développement durable ne concerne t-il pas en premier lieu l’Homme lui-même, l’organisation de son travail et son management ?

Ne doit-on pas aussi construire pour demain un nouveau « management durable » des hommes et des équipes ?

Suite aux évolutions industrielles en Europe des trente dernières années, à l’accélération de la globalisation et à ses impacts sur l’emploi, la pression continue sur la performance a contribué à dégrader les relations humaines et les rapports sociaux dans les organisations, y compris chez les cadres et les managers (1).

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