9/02/21

PREVENIR LES IMPACTS DE LA CRISE SANITAIRE SUR LE STRESS AU TRAVAIL

Un article publié par la SFCoach

La crise sanitaire provoque en cascade une explosion des arrêts maladie : tests positifs, affections virales, gardes d’enfants, troubles de la santé psychologique … De janvier à août 2020, les indemnités journalières ont ainsi augmenté de +29,9%, selon les chiffres de l’Assurance Maladie. Malgré le déconfinement, la progression se chiffrait encore en août à 7,7%. La seconde cause d’arrêt maladie est devenue, après le Covid, les Risques Psychosociaux, avec notamment une montée importante du mal-être anxieux et du stress au travail.

La crise sanitaire a-t-elle un impact sur cette montée des RPS ? Si oui, pourquoi et comment les prévenir ? Quels est dans ce contexte le rôle des accompagnants pour contribuer à favoriser les équilibres psychosociaux et limiter ainsi l’inflation couteuse des arrêts maladie.

Une crise sanitaire et émotionnelle ?

La reprise de la pandémie et la crise sanitaire génèrent de nombreuses inquiétudes, des peurs d’être touché par le virus ou de le transmettre, et des craintes liées aux impacts de la crise sur le travail, l’organisation, la charge ou encore, les résultats de l’entreprise, avec leurs impacts sur l’emploi. Ces peurs s’installent souvent dans la durée provoquant un climat social dégradé particulièrement anxiogène et propice aux RPS.

De nombreuses entreprises font aussi état de tensions, d’agressivité, voire de « violence » provoquées par la diversité des comportements, plus ou moins investis ou respectueux des nouvelles règles sanitaires.

Le confinement, puis les mesures barrières imposent des changements de mode de vie, synonyme de perte et de deuil, donc d’une certaine tristesse … Enfin, dans un tel climat social, ce n’est pas toujours la joie (!), pourrait-on dire, d’autant que la plupart des rituels sociaux permettant de célébrer nos succès ou les bonnes nouvelles sont mis au placard, pour des raisons de distanciation sociale.

Quand nos émotions primaires (peur, colère, tristesse et joie), ne peuvent plus assurer leurs fonctions vitales et sociale, nous assurer sécurité, équité, soutien social et partages conviviaux, nous savons que ces dysfonctionnements émotionnels débouchent sur des troubles de la santé psychologique, comme le mal-être, le stress et leurs cortèges d’autres maladies somatiques, du mal de dos, à des pathologies plus graves.

L’impact de la digitalisation de la peur

De nombreuses études scientifiques montrent que l’émotion se diffuse dans la relation, mais aussi à plus grande échelle socialement. A la différence de la grippe de Hong Kong qui a fait de très nombreuses victimes plus rapidement, avec beaucoup moins de retentissement social et d’impacts économiques, le Covid 19 a connu une diffusion à la fois virale et digitale. En 1968, internet n’existait pas, alors qu’en 2020 les informations anxiogènes sont diffusée simultanément, instantanément et continuellement, via notamment les smartphones, à des millions de personnes.  C’est là la pire des épidémies.

En effet, les neurosciences ont aujourd’hui démontré que notre cerveau réagit automatiquement à toute information qui lui signale un danger. Le trop d’informations négatives provoque un dysfonctionnement émotionnel bien connu, appelé « mal -être anxieux » ou « peur sans objet », car notre cerveau ne sait plus distinguer l’origine des centaines d’informations qu’il reçoit et surtout, comment y répondre. C’est d’autant plus bloquant que ce surcroit d’informations est devenu quasi permanent.

Par ailleurs, le confinement a pu souvent provoquer au travail des retards de production mettant en danger les résultats de l’entreprise, voire l’emploi. A un autre niveau, si cet état d’anxiété se trouve assorti d’exigences ou de charge de travail supplémentaires, c’est le stress qui apparait. Il peut se prolonger par un burnout ou par des troubles de la santé, souvent vecteurs d’arrêts maladie.

Nous savons que chaque fois que des évènements dramatiques surviennent, comme des attentats ou des catastrophes naturelles, qu’il faut éviter de trop s’exposer au flux continue d’informations négatives. Pour les psychologues et neuroscientifiques, cette autre « pandémie d’informations » peut se montrer aussi toxique qu’une attaque virale.

Le cercle vicieux de la peur peut donc, si la mécanique du fonctionnement émotionnel n’est pas bien comprise et intégrée dans une politique de prévention, amplifier considérablement les impacts d’une pandémie, en provoquant en cascade d’autres troubles de la santé psychologique et de la santé en général.

C’est ce que montre les évaluations récentes de la montée des RPS, devenu le facteur n° 2 d’arrêts maladie, après ceux liés au Covid 19. Il apparait donc clairement que les deux causes sont intimement liées.

La fragilisation du lien social renforce la souffrance individuelle

Autre conséquence dramatique induite par les mesures de gestion de la crise sanitaire sur les RPS, la fragilisation du lien social. Le travail à distance, les gestes barrières limitent la proximité sociale et les contacts corporels affectifs (bises, hugs…) ou de courtoisie (serrer la main) dont nous avons besoin pour vivre. Ces mesures « de raison » fragilisent la qualité des relations et notre santé. Ce lien est connu comme étant à la base de notre santé psychologique. Les experts en prévention savent très bien que le bien-être au travail repose sur un délicat équilibre entre des facteurs de risque (charge, manque de management, d’organisation ou de ressources,…) et des facteurs dits  « de protection », dont la qualité du lien social apporte le principal ingrédient.

De la même manière, plus une équipe sera soudée, plus un collectif au travail sera solidaire, vecteurs de coopération et de soutien mutuel, plus chacun y trouvera les équilibres psychologiques nécessaires à sa santé et à son bien-être.

Au-delà de cette nécessaire distanciation physique liée aux mesures de protection sanitaire, on observe une grande divergence de comportements. Au plan psychologique, ces écarts sont liés à une relation individuelle différente selon les personnalités, d’une part à la peur et, d’autre part, à la règle, ici imposée par les autorités sanitaires.

A l’image des scientifiques, partagés dans l’analyse des données sanitaires, le pays tout entier se montre clivé en fonction de sa représentation de la gravité de la pandémie et des comportements à respecter. Qui ne s’est pas opposé à un proche sur ce sujet, avec une opinion opposée à la sienne ? Il est ainsi observé au travail de nombreuses tensions liées à ces divergences d’opinions. Elles fragilisent aussi le lien social et la qualité des relations au travail. C’est d’autant plus vrai en France ou les mesures touchent à la liberté, valeur culturelle clé dans notre culture.

Les impacts économiques sur l’employabilité et le management

Enfin, nombreuses sont les organisations qui ont été impactées par la crise sanitaire, avec des effets économiques parfois catastrophiques, notamment dans les secteurs du tourisme, du spectacle, du transport ou de la restauration. Quel que soit le secteur d’activité, rares sont les organisations non touchées, avec parfois au contraire une forte montée de l’activité, également génératrice de stress.

Ces impacts touchent aussi directement le management. Si le manager doit savoir gérer la cohésion d’équipes parfois fragilisées, s’il doit prendre le temps d’écouter les personnes plus affectées par la crise, il doit aussi intégrer à son management, une vigilance toute particulière à la fluctuation de la charge, la pression sur les volumes –mais aussi très souvent, la sous-charge, également très anxiogènes.

Les répercussions de la crise impactent aussi parfois directement l’emploi, avec une montée importante des plans sociaux, voire la fermeture de TPE. Les répercussions en termes de RPS sont évidemment immédiates, tant l’inquiétude est grande pour retrouver du travail ou relancer une nouvelle activité dans un tel environnement. C’est aussi de la santé des dirigeants dont il s’agit.

Les mesures à prendre pour mieux prévenir les RPS et maintenir le bien-être au travail dans ce contexte

 

A un niveau politico-médiatique

Depuis que la presse existe, les médias savent que l’homme et son cerveau sont en quête permanente d’informations qui peuvent toucher sa survie. La peur fait vendre et la recette fonctionnera toujours. Pour s’en protéger, c’est à chacun de faire preuve d’intelligence émotionnelle et a minima, de se couper de cette inflation d’informations anxiogènes.

Au plan politique, le même constat a été fait. Il a été théorisé la première fois il y a plusieurs siècles, dans l’un des plus célèbres traités de sciences politiques « Le Prince », de Machiavel : « celui qui contrôle la peur des gens devient le maitre de leur âme ». Un gouvernement sait que s’il veut être réélu, il doit savoir apporter la sécurité à ses électeurs. Ce constat enseigné à tous les étudiants de science politique peut générer des « dérives sécuritaires », comme nous en avons tous connu ces cinquante dernières années.

Nous ne pouvons que souhaiter à nos médias et nos gouvernants une meilleure intelligence émotionnelle et prise de conscience des impacts de cette communication par la peur sur la santé psychologique. C’est vrai que ce soit pour la bonne santé des personnes âgées ou, d’une manière plus générale, pour trouver un bon équilibre entre « la peur du gendarme », synonyme de respect des règles et la « peur anxieuse sans limite » qui, elle, peut amplifier la souffrance au travail. Ces désastreux « effets secondaires » sont parfois plus nocifs que le « remède » imaginé pourtant comme protecteur.

Les RH en entreprises : maintenir à tout prix les rituels sociaux

Toute situation qui provoque un fort émotionnel, que ce soit un gros changement et aujourd’hui, les impacts de la crise sanitaire doit-être traitée au bon niveau, cad au plan des déséquilibres psychologiques provoqués par l’excès d’émotion. Tout écosystème humain doit pouvoir disposer de mécanismes de régulation de la pression émotionnelle pour qu’il fonctionne bien.

Nous oublions souvent que la plupart des rituels sociaux au travail ont cette fonction de régulation émotionnelle. Par exemple, un repas ou un pot d’équipe sert souvent à célébrer un succès, générateur de joie et d’un besoin de partage. Un pot de départ, sert à favoriser le deuil d’une perte d’un collègue qui s’en va, d’un projet qui se termine… Nous observons en ce moment que la crise limite, voire supprime beaucoup de ces rituels. Pourtant, cet émotionnel collectif est, avec les valeurs partagées, à la base du lien social. Leur suppression accentue dans un cercle vicieux désastreux le mal-être social, avec un impact important sur les RPS.

 

L’action managériale : écouter pour libérer les émotions

S’il y a trop d’émotionnel – avec cette crise beaucoup d’inquiétude, voire d’agacement – il faut donc veiller au maintien de ces rituels et mettre en place des modalités spécifiques de régulation de la pression émotionnelle, à tous les niveaux.

C’est une des fonctions du management, pour autant qu’il soit suffisamment sensibilisé à l’intelligence émotionnelle au travail. En résumé, un manager devra prendre trois mesure clés

  • Proposer des temps d’écoute individuelle empathique, centrées sur les ressentis et le vécu de la crise.
  • Mettre en place en réunion des temps d’écoute collective et d’expression du vécu. Il existe de nombreuses techniques dédiées à l’expression émotionnelle en réunion.
  • Être en vigilance des tensions interindividuelles, afin de prévenir les conflits, voire d’interagir dès les premiers signaux en posture de médiateur.

 

S’appuyer sur l’accompagnement externe

Si les managers trop « sur le pont » ne sont pas suffisamment disponibles ou ouverts à ces pratiques, un accompagnement externe s’impose. La régulation des émotions et la mise en mouvement d’une dynamique collective positive font partie des fonctions clés des psychologues et des coachs au travail. C’est un investissement important, voire vital dans la période actuelle, pour relancer la dynamique entrepreneuriale et managériale et dépasser les impacts pathogènes de cette crise.

L’accompagnement- coaching peut prendre différentes formes, selon les situations et l’urgence.

  • Tout dirigeant ou manager, plus impacté que d’autres, peut avoir besoin d’un coaching spécialisé, par un expert en santé psychologique au travail.
  • Au plan collectif, faire un diagnostic :
    • Une étude rapide pourra être très utile au dirigeant pour agir avec plus de discernement.
    • S’il s’agit d’embarquer un collectif, un travail plus participatif d’écoute servira à la fois à libérer les peurs et à trouver un consensus social, dans un plan d’action de progrès.
    • Les groupes de travail, laissant place à l’expression émotionnelle sont les outils idéaux pour relancer la motivation et une dynamique positive de progrès. Des ateliers thématiques peuvent, dans le même esprit, être organisés.
    • Enfin, il est important dans ce contexte de mener à bien des actions pour entretenir ou relancer la cohésion des équipes mal menées par la crise.

Repositionner la dynamique de prévention des RPS dans une logique plus dynamique d’équilibre systémique

Enfin, un des premiers enseignements de cette crise, au plan de la prévention des RPS est de nous montrer à quel point le stress et le mal-être individuels sont aussi systémiques.

Nos équilibres psychosociaux sont apparus à la fois tellement fragiles et impactant avec une telle force les grands enjeux humains et économiques, qu’il apparait vital d’apprendre à mieux les maitriser

L’impuissance et l’enfermement des autorités sanitaires dans des logiques analytiques cartésiennes se montrent dénués de toute intelligence émotionnelle. Si des grandes écoles ont enfin compris aujourd’hui le rôle de l’intelligence émotionnelle dans la santé et bien-être au travail, beaucoup trop de nos brillants décideurs se montrent encore totalement analphabètes dans cette dimension émotionnelle, pourtant au cœur des problématiques de santé, de la prévention des RPS et du bien-être au travail.

Par ailleurs, nous entrons à grande vitesse dans l’ère du tout numérique, voire du transhumanisme. La digitalisation des émotions et l’amplification des peurs par les réseaux sociaux leurs donnent une puissance déstabilisatrice phénoménale, totalement inattendue et immaitrisable. Personne aujourd’hui ne semble savoir la gérer, voire simplement s’en préoccuper.

 

La civilisation qui s’ouvre à nous sera écologique ou ne sera pas.

La vitesse exponentielle de croissance du monde amène plus vite que prévu l’écologie comme l’enjeu n°1, tant sociétal qu’économique. Tous nos écosystèmes sont perturbés. La civilisation du digital qui s’ouvre à nous sera écologique ou ne sera pas. La survie de notre planète et de notre espèce en dépend. Nous oublions simplement, comme nous le montre cette crise psychosociale, que l’écologie commence par l’étude des interactions de l’homme lui-même dans ses propres écosystèmes, comme au travail. Se sont bien leurs dysfonctionnements systémiques qui produisent des troubles de la santé physique ou mentale, pour autant que cette distinction cartésienne désuète fasse encore sens pour comprendre et agir pour la prévention des RPS.

 

Puisse la science des équilibres qu’est l’écologie, nous aider demain à adapter nos systèmes de prévention, pour compléter notre vision trop cartésienne – rationnelle analytique – par une évaluation plus systémique de nos équilibres psychosociaux, tel ceux de l’émotionnel au travail, vecteurs majeurs de santé et de bien-être durable.

 

Pierre-Marie Burgat

Coach – Psychologue – Membre Titulaire de la SFCoach

11/03/13

« Ethique et entreprise, des premières incitations réglementaires à la quête des nouveaux consommateurs »

(Suite de l’article de l’Expansion Management Review)

L’entreprise capitaliste par essence cherche le profit et c’est avant tout son encadrement juridique ou normatif qui la guide vers l’éthique, mais aussi le positionnement du consommateur.

La réglementation mondiale tardant à s’imposer, l’éthique entre néanmoins timidement en entreprise. Ainsi aujourd’hui les normes de production qualité ISO 26 000[1] intègrent-elles l’éthique dans leur réglementation.

Par ailleurs, depuis quelques années, l’éthique émerge dans certains grands groupes industriels, comme une fonction de l’organisation[2]. Cette fonction est aujourd’hui souvent couplée avec les missions de Développement Durable, voire de « Responsabilité Sociétale de l’Entreprise », quand la mission existe.

Enfin, sont apparus depuis peu des baromètres de l’éthique. Un classement annuel des entreprises les plus vertueuses est ainsi proposé par le cabinet « ETHISPHERE ». [3]

Certains diront que ces démarches sont avant tout marketing, permettant surtout aux industries de se donner bonne conscience et de redorer leur image.

Pour être plus positif, cela montre que, malgré une marge de manœuvre limitée, la question est prise très au sérieux par certaines grandes sociétés.

Mais quelque soit aujourd’hui leur impact réel, ces leviers de développement de l’éthique ont l’intérêt d’être concrets et de disposer d’indicateurs utiles pour intégrer cette dimension au management dans les organisations.

Mais la vraie vigilance en matière d’éthique est aujourd’hui ailleurs. Les entreprises surveillent avant tout attentivement les « nouveaux consommateurs », au cas où nous deviendrions nous aussi plus lucides, plus « responsables » et plus éthiques …[4]

 La suite le 18 mars 2013 : « L’ETHIQUE COMMENCE PAR SOI-MÊME » …


[1] La norme ISO 2600 intègre l’éthique dans ses recommandations

[2] Le groupe SUEZ a été ainsi un des pionniers en ce domaine. « Prévenir les risques éthiques de votre entreprise » ; HB Loosdregt- Ex Dir des programmes éthiques et valeurs de SUEZ- Insep Editions.

[3] Le classement ETHISPHERE des entreprises les plus vertueuses fait la part belle aux anglo-saxonnes. Cette année en France, seuls Schneider Electric et Unibail Rodamco se distinguent (le figaro.fr ; économie).

[4] Etude Ethicity – 2 avril 2012 – « pour 88% des Français, la crise économique devrait être l’occasion de changer de mode de consommation »…

 

21/02/13

Du leader au « nouveau leader », le leadership en 20 questions.

Question 2 : quelle définition donner du leader et du leadership ?

Il existe de très nombreuses définitions du leadership ou du rôle du leader depuis une cinquantaine d’année [1]. Cette profusion est principalement liée au fait que le leader doit répondre aux enjeux de son temps. Or aujourd’hui « le temps du changement » s’accélère de manière exponentielle.

La définition de synthèse que je propose ci-après fait converger les traits communs et peut s’appliquer à toutes les époques. Ce sont davantage les enjeux, les conditions et l’environnement qui évoluent et exigent aujourd’hui d’autres capacités dont nous pourrons discuter.

« Le leader porte et fait partager une vision à un collectif et l’entraîne ».

« Le leadership est la capacité  reconnue à un membre d’un groupe par ses autres membres de pouvoir influencer leurs comportements et les entraîner dans cette vision ».

De tout temps, un leader qu’il soit religieux, politique ou d’entreprise donne « un cap », fait partager une vision portée par ses convictions et « embarque » ceux qui veulent le suivre. En entreprise, le leader est souvent un « leader manager ». Il doit aussi produire, gérer …motiver, coacher, entraîner … Il intègre aussi souvent une dimension d’expertise technique et de gestion.

Le leadership est aujourd’hui associé à l’accompagnement des transformations, ce qui fait parler d’un « leader coach »…

Prochaine question :  n’est-ce pas aujourd’hui aussi un phénomène de mode ? 


[1] Un institut canadien énumérait une série de définitions puisées dans la littérature sur le leadership. Par exemple,
Le leadership est le comportement d’un individu […] qui dirige les activités d’un groupe vers l’atteinte d’un objectif commun (Hemphill et Coons, 1957); Le leadership est exercé quand des personnes mobilisent des ressources institutionnelles, politiques, psychologiques et autres pour éveiller et engager les subalternes et satisfaire leurs motifs (Burns, 1978); Le leadership est un processus d’influence sur les activités d’un groupe organisé en vue de réaliser un objectif (Rauch et Behling, 1984); Le leadership est le processus qui donne un sens à l’effort collectif, suscitant l’adhésion volontaire et le sacrifice afin de réaliser les objectifs (Jacobs et Jaques,1990); Le leadership consiste en l’articulation d’une vision, sous l’égide de laquelle les choses peuvent être accomplies (Richards et Engle, 1986); Le leadership est le processus qui permet de donner un sens à ce qu’accomplissent les individus ensemble, ce qui leur permet de comprendre et d’être dévoués (Drath et Palus, 1994);

2/01/13

Conduire le changement par le sens : éthique, cohérence et engagement

Dossier l’Expansion Management Review « Impasses et défis du management », rédigé par Pierre-Marie Burgat, paru en juin 2012

Expansion-management-review

Manager autrement, c’est sortir de l’impuissance pour user de notre responsabilité et incarner nous-mêmes le changement que nous voulons voir dans le monde

Les points forts

La crise que nous vivons est avant tout une crise éthique. La carence éthique globale impacte en cascade tous les niveaux de gouvernance, du politique jusqu’à la direction et au management des entreprises encastrées dans le système.

Réduit à sa dimension de « ressource humaine » l’individu cherche en vain un sens à son travail. Ecartelé entre ses identités de « citoyen-salarié » et de « consommateur-épargnant », il peine à trouver une cohérence globale à ses actes.

Les entreprises et leurs managers, malgré la complexité et les pressions du système, disposent aussi de leviers pour pratiquer un management éthique, comme par exemple en associant leur vision aux grands enjeux de responsabilité sociétale et de développement durable.

Pour sortir de l’impuissance, la seule voie possible passe par le « changement holomorphique ». Chaque geste ou acte individuel a des répercussions sur l’ensemble du système. Manager autrement, c’est retrouver le chemin de la cohérence, pour un changement sociétal et dans nos organisations porté par l’éthique et la responsabilité individuelle.

La suite le 28 janvier 2013

Pour vous abonnez à l’Expansion Management Review, cliquez-ici.

1/01/13

Quel Management demain ?

Article rédigé par Pierre-Marie Burgat, paru dans la revue « Inter-Mines » le 16 avril 2010.

Pour mieux faire face aux nouveaux enjeux…

Dans un monde « global » en pleine mutation, en prise avec des transformations rapides et permanentes …, le manager du XXIème siècle doit savoir plus que jamais donner du sens, accompagner les personnes et les équipes en quête d’un nouvel équilibre…

Mais les managers déstabilisés par ces changements, la complexité, l’incertitude et les pressions permanentes apparaissent souvent eux-mêmes en recherche d’engagement, sinon d’une « autre relation à l’entreprise … »

Un des enjeux de la performance managériale de demain sera donc de donner aux nouveaux managers les moyens de trouver leurs propres équilibres, pour devenir les leaders inspirants dont le monde a besoin.

Dans une période de perte de sens et d’identité, avec les peurs et  le stress générés par les ruptures incessantes… mettre le développement personnel au service du développement du management apparait comme un levier fondamental de développement du leadership. Le dépassement de la crise est aussi à ce prix, vers la construction d’une nouvelle performance « durable » et d’un « autre management  … »

La conscience de la fragilité de nos ressources promeut ainsi aujourd’hui le développement durable et l’écologie comme principes de régulation planétaire.

Dans un monde laissé aujourd’hui à la seule gouvernance financière, nous oublions souvent que le développement durable, comme l’écologie s’applique en priorité à l’homme.

Dans cet esprit, le « management durable » et « l’écologie managériale » – au-delà de l’effet de mode – constituent une nouvelle réponse adaptée aux enjeux humains et managériaux de l’entreprise de demain.

Mais seul l’engagement de chacun permettra de sortir de la passivité et du système qui nous enferment tous, pour construire ensemble un nouveau management plus écologique et durable.

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