16/04/13

Les dérives éthiques de notre système de santé et de certains laboratoires pharmaceutiques

Dans le prolongement du dossier que j’ai publié l’été dernier dans l’expansion management revue (« de la crise éthique au changement par le sens »), les dérives éthiques dans notre société font régulièrement la une de l’actualité…

C’est bien évidement le monde politique qui se mets en ce moment en vedette… mais aussi le monde de l’industrie pharmaceutique.

Deux événements m’ont donné envie de partager à nouveau ce thème avec vous.

La dernière conférence de Thierry Jansen à Lyon l’université de médecine, le 23 mars  sur le « défi positif » (voir la bibliographie dans l’onglet partage) et le film d’Arte « maladie à vendre », vidéo plus ancienne que m’a fait suivre une amie … atteinte d’un cancer et doublement révoltée…

Thierry Jansen dénonçait lors de sa conférence, comme beaucoup d’autres, la conception et l’utilisation douteuse du DSM (index des maladies et troubles psychiatriques) élaboré par des scientifiques employés par les laboratoires pharmaceutiques …

Il faut savoir à ce sujet qu’en France, la très grande majorité de la recherche est financée par les labos, comme la totalité de la formation post-universitaire ! Pas étonnant donc que le nombre de maladies soit passé, d’une version à l’autre, de quelques dizaines de troubles, à plus de 400 dans le DSM 4 !  A chaque « maladie » sa molécule, son médicament et son laboratoire. C’est vrai qu’il en faut pour tous le monde !

Voir à ce sujet ci-dessous, la courte vidéo instructive du médecin psychiatre Boris Cyrulnik : « De fausses maladies sont inventées ».

La mort des petits  laboratoires et des leaders engagés de la santé … vers le marketing et la spéculation

Depuis 30 ans les petits laboratoires portés par la vocation de familles dévouées à la cause de la santé, sont rachetés progressivement par les grandes firmes pharmaceutiques. Petit à petit la R & D est délaissée, au profit du marketing, du lobbying et de la spéculation, tous beaucoup plus profitables aujourd’hui que la recherche. Sans aller jusqu’au scandale sanitaire comme celui du médiator, la dérive est malheureusement générale, car systémique.

Le documentaire d’Arte ci-après est à ce sujet consternant.

Fautes d’inventer des médicaments nouveaux et puissants, pour les vraies maladies qui frappent toute l’humanité, comme par exemple le cancer…pour maintenir leurs ventes certains laboratoires pharmaceutiques inventent des maladies qui n’existent pas, à grand renfort de marketing  et de communication dite scientifique, pour produire des médicaments sans efficacité, ce qui na pas d’importance puisque ces maladies n’existent pas !
Ce film – auquel l’industrie a refusé de participer – démonte les mécanismes d’une médecine française totalement sous l’emprise du marché.

Vive les médecines douces et alternatives !

Mais que pouvons-nous faire ?

La bonne nouvelle … c’est que nous sommes tous responsables … et tous capables de faire arrêter ce système.

Ce n’est plus le politique qui aujourd’hui a la pouvoir mais l’information et le consommateur !

Nous disposons aujourd’hui avec une grande facilité de toute l’information nécessaire (sites des journaux médicaux, de données  médicales,  de consommateurs …)  pour endiguer ces pratiques et aider les labos déviants à retrouver le chemin du sens et des valeurs auxquelles nous croyons. Celles du respect de l’homme et du vivant.

Le monde de demain est entre nos mains !

 

 

 

 

18/03/13

L’ETHIQUE COMMENCE PAR SOI-MÊME

Suite du dossier publié cet été dans « l’Expansion Management Review » (IMPASSE ET DEFIS DU MANAGEMENT)

« Soyez le changement que vous voulez voir dans la monde ». (GANDHI)

Que peut faire le « citoyen du monde » face à ce système capitaliste consumériste et sans âme ? Que peut-on faire à son niveau pour replacer l’éthique au centre et en faire une guidance pour sa vie de citoyen, d’acteur social ou de consommateur au quotidien?

Et si, en dehors de tout pouvoir ou impuissance politique, chacun d’entre nous – manager, responsable RH, consultant, coach – était libre d’augmenter son niveau de conscience et de prendre ses responsabilités ?

« Moi je ne peux rien faire » : la dialectique de l’impuissance 

Beaucoup d’acteurs de la vie sociale et de l’entreprise vivent aujourd’hui une sorte d’essoufflement, voire d’impuissance fataliste : « le système est à bout de souffle, mais on se sent totalement impuissants » ;  «  il faudrait changer le système, moi à mon niveau de manager, je ne peux rien faire, c’est le comité de direction »,  « au  niveau du comité de direction, non, ca se passe au dessous, c’est l’actionnaire, je n’ai pas de marge de manœuvre » ;« tant que le système sera tiré par les fonds de pensions … nous ne pourrons rien faire » … Nous sommes tous confrontés et enfermés par un système capitaliste perverti, nous l’accusons à juste titre, mais ces critiques ne conduisent-elles pas  à renforcer notre passivité ?

« C’est le système » : sortir du manichéisme paranoïaque 

Une autre forme de passivité se retrouve chez de nombreux intellectuels, philosophes,  psychosociologues…, sous la forme de la critique d’un système sans issue … Elle atteint son paroxysme dans la recherche publique française où la culture cristallise ce type de peurs et de croyances manichéennes, à l’encontre « du privé » et du capitalisme. Elle diabolise ainsi parfois sans nuance tout ce qui peut se faire en entreprise, considéré par essence comme suspect, perverti ou susceptible de l’être. N’est-ce pas oublier un peu rapidement que ces entreprises sont habitées – ici et maintenant – par des millions d’hommes et de femmes au travers le monde, le plus souvent fiers de leur travail, attachés à leur métier et porteurs de beaux projets ?

S’ils sont parfois en souffrance et aussi en quête de mieux vivre, s’il y a parfois des drames dans le choc des transformations, il est important de prendre conscience que ces attitudes critiques, certes compréhensibles, in fine n’apportent rien, ni à personne, si ce n’est que de justifier notre propre passivité et entretenir le mal être.

Dans tous les cas – impuissance, critique, diabolisation – il n’y a ni solution, ni action, en dehors de conforter notre sentiment d’impuissance, d’alimenter notre révolte et nos frustrations.

Mais ces attitudes ne servent-elles pas aussi à justifier notre résistance au changement et notre incohérence, éloignés que nous sommes parfois de nous même et de nos propres valeurs ?

L’éthique, mes fraises et ma banque 

Et si la révolution commençait par la conscience ? De quoi suis-je responsable et de quoi je ne suis pas responsable ? Est-ce que j’agis en cohérence avec mes valeurs ? Ai-je un comportement éthique, quels que soient mes rôles, de « citoyen-consommateur », de manager dans l’entreprise ou d’accompagnant ? Prendre ses responsabilités n’est-ce pas commencer par oser se confronter à ses dilemmes de citoyen au quotidien et sortir de son aveuglement ?

Le pouvoir du consommateur a aujourd’hui des impacts incommensurables.

Sans aller jusqu’à l’idéal du « commerce équitable », tout choix et tout acte de consommation banal a une portée éthique considérable. C’est vrai de la barquette de fraises hors saison, ayant traversé l’Europe en camion pollueur. C’est vrai aussi, du four micro-onde à bas prix, fabriqué dans des conditions de travail dégradantes ou par des enfants de pays à bas salaires et provoquant au passage la ruine des industries locales, voire des centaines de chômeurs de plus, dans les pays plus « développés » …

Autre exemple : « ils nous ont fait très mal vous savez …» [1]?

Des milliers de consommateurs se sont précipités au mois de janvier pour bénéficier des offres à bas coût d’un nouvel opérateur téléphonique. Mais se sont-ils demandé une minute au prix de quoi et de qui ces tarifs exceptionnels étaient-ils possibles ? Au prix de combiens d’emplois précaires, de délocalisations, de bas salaires, de pressions, de souffrance, de stress, de désarrois et de nouveaux suicides … ?

Dernier « examen de conscience » …. « mon épargne, mon éthique et moi »

Est-ce que je sais ce que ma banque fait réellement de mon argent ? Est-ce que mon argent – le fruit de mon travail – est utilisé pour des placements éthiques, ou a minima, ne serait ce que pour servir l’économie et non la spéculation ?

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Petit examen de conscience de consommateur éthique  …

- « j’ai changé de banque pour une banque éthique »

- « je me doute bien que …, mais j’assume (j’y pense, mais je n’agis pas) »

- « je ne sais pas vraiment, je n’y avais pas pensé, j’ai un bon PEA … c’est pas si grave, non » ?

- «  je ne veux pas savoir (c’est le système, pas moi ! Il n’y a qu’à changer le système, les banques n’ont qu’à…) … et les autres ? » 

- « c’est ok pour moi, la spéculation est utile et j’en profite.  Cela fait des dégâts, mais c’est la vie. On  n’est pas dans un monde de bisounours ! »

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Si ne serait-ce que 40% des citoyens orientait leur épargne vers des placements éthiques, notre système spéculatif serait révolutionné en très peu de temps !

Mais est-ce que je préfère ne pas savoir et voir le manque d’éthique ailleurs, quelque part au dessus-de moi : mon patron, ma boite, l’actionnaire, le système … ?

Tout consommateur que nous sommes se trouve enfermé aujourd’hui dans le paradoxe  et l’injonction la plus mortifère jamais produite par de notre société : « consommer moins cher pour vivre mieux »[2]. Et quand une réelle pauvreté conduit le consommateur chômeur dans les rayons d’un discounter, sait-il que cet acte alimente à nouveau le système qui l’a exclu et en a- t-il alors vraiment le choix ?

Et si progressivement nous prenions tous pleinement conscience qu’à chaque acte  d’achat « à bas prix», nous produisons de la souffrance, nous écartelons d’autres vies, nous tuons nos propres emplois, nous violentons notre propre qualité de vie pour demain ?

Oui, le changement des habitudes de consommation peut changer le monde, plus sans doute aujourd’hui qu’un bulletin de vote. Oui, l’éthique commence par soi-même …

La suite début Avril : METTRE L’HOMME ET L’ETHIQUE AU CENTRE 


[1] Responsable de service d’un opérateur téléphonique français – mars 2012.
[2] Slogan publicitaire d’un grand distributeur qui se dit « éthique » dans sa communication.
11/03/13

« Ethique et entreprise, des premières incitations réglementaires à la quête des nouveaux consommateurs »

(Suite de l’article de l’Expansion Management Review)

L’entreprise capitaliste par essence cherche le profit et c’est avant tout son encadrement juridique ou normatif qui la guide vers l’éthique, mais aussi le positionnement du consommateur.

La réglementation mondiale tardant à s’imposer, l’éthique entre néanmoins timidement en entreprise. Ainsi aujourd’hui les normes de production qualité ISO 26 000[1] intègrent-elles l’éthique dans leur réglementation.

Par ailleurs, depuis quelques années, l’éthique émerge dans certains grands groupes industriels, comme une fonction de l’organisation[2]. Cette fonction est aujourd’hui souvent couplée avec les missions de Développement Durable, voire de « Responsabilité Sociétale de l’Entreprise », quand la mission existe.

Enfin, sont apparus depuis peu des baromètres de l’éthique. Un classement annuel des entreprises les plus vertueuses est ainsi proposé par le cabinet « ETHISPHERE ». [3]

Certains diront que ces démarches sont avant tout marketing, permettant surtout aux industries de se donner bonne conscience et de redorer leur image.

Pour être plus positif, cela montre que, malgré une marge de manœuvre limitée, la question est prise très au sérieux par certaines grandes sociétés.

Mais quelque soit aujourd’hui leur impact réel, ces leviers de développement de l’éthique ont l’intérêt d’être concrets et de disposer d’indicateurs utiles pour intégrer cette dimension au management dans les organisations.

Mais la vraie vigilance en matière d’éthique est aujourd’hui ailleurs. Les entreprises surveillent avant tout attentivement les « nouveaux consommateurs », au cas où nous deviendrions nous aussi plus lucides, plus « responsables » et plus éthiques …[4]

 La suite le 18 mars 2013 : « L’ETHIQUE COMMENCE PAR SOI-MÊME » …


[1] La norme ISO 2600 intègre l’éthique dans ses recommandations

[2] Le groupe SUEZ a été ainsi un des pionniers en ce domaine. « Prévenir les risques éthiques de votre entreprise » ; HB Loosdregt- Ex Dir des programmes éthiques et valeurs de SUEZ- Insep Editions.

[3] Le classement ETHISPHERE des entreprises les plus vertueuses fait la part belle aux anglo-saxonnes. Cette année en France, seuls Schneider Electric et Unibail Rodamco se distinguent (le figaro.fr ; économie).

[4] Etude Ethicity – 2 avril 2012 – « pour 88% des Français, la crise économique devrait être l’occasion de changer de mode de consommation »…

 

2/01/13

Conduire le changement par le sens : éthique, cohérence et engagement

Dossier l’Expansion Management Review « Impasses et défis du management », rédigé par Pierre-Marie Burgat, paru en juin 2012

Expansion-management-review

Manager autrement, c’est sortir de l’impuissance pour user de notre responsabilité et incarner nous-mêmes le changement que nous voulons voir dans le monde

Les points forts

La crise que nous vivons est avant tout une crise éthique. La carence éthique globale impacte en cascade tous les niveaux de gouvernance, du politique jusqu’à la direction et au management des entreprises encastrées dans le système.

Réduit à sa dimension de « ressource humaine » l’individu cherche en vain un sens à son travail. Ecartelé entre ses identités de « citoyen-salarié » et de « consommateur-épargnant », il peine à trouver une cohérence globale à ses actes.

Les entreprises et leurs managers, malgré la complexité et les pressions du système, disposent aussi de leviers pour pratiquer un management éthique, comme par exemple en associant leur vision aux grands enjeux de responsabilité sociétale et de développement durable.

Pour sortir de l’impuissance, la seule voie possible passe par le « changement holomorphique ». Chaque geste ou acte individuel a des répercussions sur l’ensemble du système. Manager autrement, c’est retrouver le chemin de la cohérence, pour un changement sociétal et dans nos organisations porté par l’éthique et la responsabilité individuelle.

La suite le 28 janvier 2013

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28/12/12

Cas Distriborg : développer le leadership et le « management durable » pour soutenir ses projets de croissance

Article rédigé par Pierre-Marie Burgat, paru le 2 juin 2008 sur le site d’information en ligne IndiceRH.net

Indice-RH

Pionnier dans les années 70 de l’aventure de la distribution de produits biologiques, Distriborg a aujourd’hui l’ambition de renforcer son leadership dans ses métiers.

L’arrivée en 2006 de Christophe Barnouin en tant que PDG de Distriborg (marques Bjorg, Gayelord Hauser, Bonneterre…) a été l’occasion de définir avec l’ensemble de ses cadres une vision et un plan stratégique pour accroître sa présence sur un marché en pleine expansion : toutes les équipes ont ainsi participé à la définition des plans d’actions stratégiques à 3 ans. *

Les compétences managériales, moteurs de nos ambitions stratégiques

Pour favoriser la réussite de ce projet d’entreprise, la Direction des Ressources Humaines – Christine Serval- a choisi de s’appuyer sur le développement du management, un référentiel de compétences managériales et par la réalisation d’évaluations à 360°.

L’équipe de direction a ensuite rassemblé l’ensemble de ses managers lors d’un séminaire destiné à associer le développement managérial au déploiement stratégique : «Les compétences managériales, moteurs de nos ambitions stratégiques ». Ce séminaire a permis de définir des priorités collectives en terme de développement de compétences, objectifs utilisés ensuite lors des entretiens annuels.

Mais au-delà des compétences de management, la nouvelle Direction avait l’intime conviction que pour réussir son projet d’entreprise et conduire efficacement les transformations de l’organisation, les managers de DISTRIBORG devaient également devenir de véritables leaders, capables de mobiliser et mettre en mouvement l’ensemble du personnel vers la nouvelle vision d’entreprise. Pour apporter des réponses concrètes, la direction des ressources humaines a ainsi décidé de mettre en place un programme de formation au leadership.

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